Cesare Maestri, né le 2 octobre 1929 à Trente et mort le 19 janvier 2021 à Tione di Trento dans le Trentin-Haut-Adige, est un alpiniste et un écrivain italien contemporain. Cesare Maestri étudie d'abord le théâtre et l'histoire de l'art à Rome mais revient à Trente pour exercer en tant que guide et moniteur de ski. Il commence à grimper dans le massif de Brenta et ouvre ensuite de nombreuses voies, souvent en solitaire, dans ce massif et dans les Dolomites. Maestri est rapidement surnommé « l'Araignée des Dolomites » (en italien : Il Ragno delle Dolomiti). Disciple de Paul Preuss en ce qui concerne l'escalade en « solo » et sans assurance, il est le premier à grimper en solitaire une voie cotée en sixième degré et le premier à descendre dans le même degré. Mais, après l'ascension controversée du Cerro Torre en 1959, la carrière alpine de Cesare Maestri continue sur le mode des voies artificielles ouvertes à l'aide de très nombreux pitons à expansion. Pour Cesare Maestri, le défi repr...
Cesare Maestri, né le 2 octobre 1929 à Trente et mort le 19 janvier 2021 à Tione di Trento dans le Trentin-Haut-Adige, est un alpiniste et un écrivain italien contemporain. Cesare Maestri étudie d'abord le théâtre et l'histoire de l'art à Rome mais revient à Trente pour exercer en tant que guide et moniteur de ski. Il commence à grimper dans le massif de Brenta et ouvre ensuite de nombreuses voies, souvent en solitaire, dans ce massif et dans les Dolomites. Maestri est rapidement surnommé « l'Araignée des Dolomites » (en italien : Il Ragno delle Dolomiti). Disciple de Paul Preuss en ce qui concerne l'escalade en « solo » et sans assurance, il est le premier à grimper en solitaire une voie cotée en sixième degré et le premier à descendre dans le même degré. Mais, après l'ascension controversée du Cerro Torre en 1959, la carrière alpine de Cesare Maestri continue sur le mode des voies artificielles ouvertes à l'aide de très nombreux pitons à expansion. Pour Cesare Maestri, le défi représenté par le Cerro Torre incarne la possibilité d’une revanche sur le passé. Lui, le jeune et talentueux grimpeur des Dolomites qui a perdu sa mère à l’âge de 6 ans. Lui, le militant communiste rebelle qui dans l’Italie d’après-guerre soutenait Coppi plutôt que Bartali. Lui, trapu, musclé, effronté, estime être à la hauteur d’un tel défi. Il est présenté de par ses ascensions comme maître du 6e degré (plus haute cotation de l’époque). «Ce guide couronné de succès a besoin de reconnaissance, comme un toxicomane de sa drogue», dira Reinhold Messner dans Cerro Torre. La Montagne impossible.
L’obsession de Maestri pour le Cerro Torre se renforce en 1954, lorsque sa candidature à l’expédition italienne sur le K2, deuxième plus haut sommet du monde que personne n’avait encore gravi à l’époque, est refusée. Sa forme est pourtant olympique et son orgueil – conforté par de récentes ouvertures en solitaire et sans corde dans les Dolomites – au beau fixe. Il ne comprend pas ce refus, d’autant plus que le jeune prodige de l’alpinisme Walter Bonatti d’un an son cadet est, lui, accepté.
Cette déception a pour effet de raffermir son caractère belliqueux. Bonatti devient son principal rival. En 1958, tous deux se retrouvent en même temps au pied de la montagne impossible. Ils lancent, chacun de leur côté, une tentative sur la paroi de granite et tous deux échouent. Maestri y voit l’opportunité de devenir meilleur que le meilleur. Il y retournera l’année suivante pour réaliser son rêve.
D’après les propos de Cesare Maestri, le 31 janvier 1959 aurait donc été le jour où avec Toni Egger, son compagnon autrichien il aurait atteint le sommet de la montagne convoitée. Mais si l’on regarde de plus près, tout porte à croire que les deux hommes ne seraient jamais parvenus à sa cime. Mort à la descente, Toni Egger a emporté dans sa chute l’appareil photo qui aurait renfermé les clichés du sommet. Sans témoin, ni preuves de la réussite, seuls les propos de Maestri font foi.
Dans un milieu où la loyauté est règle d’or, être taxé de menteur correspond à une mise au ban. Mais par la force de sa conviction, Cesare Maestri est demeuré dans le milieu. Mieux: il a même réussi à marquer l’histoire de l’alpinisme. Son mensonge étant prouvé, son entêtement fait de lui un être fragile. Presque attachant. «En mourant, il a cessé de souffrir», conclut Charlie Buffet.