Christophe Profit, originaire de Normandie, commence l'escalade à 16 ans. En 1980, il effectue son service militaire à Chamonix au sein du GMHM, avant d'obtenir son diplôme de guide de haute montagne en 1986. À ce jour, il totalise 10 ascensions de la face Nord de l'Eiger, dont Heinrich Harrer lui-même disait qu'un « homme [qui en ferait deux fois l'ascension] n'existe pas et n'existera sans doute jamais. » Géant de l’alpinisme, ses paroles sur la montagne évoquent invariablement le bonheur d’être là-haut, l’engagement, la nécessité de tracer sa route. Été 1982, Christophe Profit sidère le milieu de l’alpinisme par son ascension en solo intégral (et le temps canon de trois heures dix) de la mythique Directe américaine. « Quand j’étais gamin, j’avais imaginé remonter la face ouest des Drus à la vitesse d’un marcheur ». Mille deux cents mètres de fissures verticales en fil à plomb de l’impressionnante flèche de granite. Revoir les images de l’athlète en débardeur rouge enchainant les m...
Christophe Profit, originaire de Normandie, commence l'escalade à 16 ans. En 1980, il effectue son service militaire à Chamonix au sein du GMHM, avant d'obtenir son diplôme de guide de haute montagne en 1986. À ce jour, il totalise 10 ascensions de la face Nord de l'Eiger, dont Heinrich Harrer lui-même disait qu'un « homme [qui en ferait deux fois l'ascension] n'existe pas et n'existera sans doute jamais. » Géant de l’alpinisme, ses paroles sur la montagne évoquent invariablement le bonheur d’être là-haut, l’engagement, la nécessité de tracer sa route. Été 1982, Christophe Profit sidère le milieu de l’alpinisme par son ascension en solo intégral (et le temps canon de trois heures dix) de la mythique Directe américaine. « Quand j’étais gamin, j’avais imaginé remonter la face ouest des Drus à la vitesse d’un marcheur ». Mille deux cents mètres de fissures verticales en fil à plomb de l’impressionnante flèche de granite. Revoir les images de l’athlète en débardeur rouge enchainant les mouvements dans les immenses dièdres de granite vrille les tripes et procure un sentiment de vertige absolu.
Les chroniqueurs ne parlent pas encore de speed-climbing mais Christophe Profit atomise tous les horaires : deux heures trente pour la face nord des Droites, quatre heure trente pour le Couloir Nord des Drus, à peine dix heures pour la première ascension solitaire à la journée de la face nord de l’Eiger, trente-deux heures pour l’intégrale de Peuterey en hiver. Une rapidité et une aisance qui lui permettent d’envisager le cumul des face nord mythiques des Alpes : Cervin / Eiger / Grandes Jorasses. Il enchaine les trois parois en une journée de juillet 1985.
Profit est le fer de lance d’une nouvelle génération d’alpinistes polyvalents, entrainés et surmotivés. Au mitan des années 1980, les médias sont invités à nouveau au grand jeu de “ l’alpinisme en direct “ et se délectent des concurrences supposées ou réelles. Quelques années folles où les grimpeurs rendent leurs exploits visibles et lisibles. Le balai des hélicos et des caméras alimentent l’ouverture des journaux télévisés et les couv’ des magazines. Le duel Profit - Escoffier pimente les reportages : les deux grimpeurs se tirent la bourre. « Cette “ compétition “ entre nous a permis de mettre la barre si haut, elle nous a rendus si forts que je n’ai pas de regret. » Plus centré, mieux préparé, c’est Christophe Profit qui rafle la mise en mars 1987 avec la réussite en 42 heures de la trilogie hivernale. « Profit a tué l’Histoire de l’alpinisme » écrivit un brin provocateur l’écrivain Yves Ballu.
Après de telles réussites, Christophe Profit ne pouvait qu’être happé par les hauts sommets d’Himalaya. Le 15 août 1991, il est avec Pierre Beghin au sommet du K2. Le duo vient de gravir le second sommet de la Terre par une voie nouvelle et en style alpin. « L’engagement total, une osmose parfaite ». Que faire encore ? Comment revenir sur la terre des hommes ?
Comme saturé de trop de bruit et de fureur, Profit tourne la page de l’exploit médiatisé et se consacre à son métier de guide.
Pour le bonheur de partager. Parce que c’est là-haut qu’il se sent vivre pleinement.