Pierre Lesueur, né à Clichy (France) le 23 janvier 1928, est l'un des représentants de la fameuse bande de grimpeurs parisiens qui ont marqué l'histoire de l'alpinisme français dans les années 1950, avec notamment la première de la face sud de l'Aconcagua. La semaine, pendant que Robert Paragot répare les machines à écrire à la Sécurité sociale, Pierre Lesueur taille des pièces de métal à l'usine. Le week-end, ils se retrouvent avec toute la bande à Fontainebleau pour grimper sur les cailloux ou, mieux, filent en stop jusqu'à Chamonix, avec dans le sac à dos, les lourds pitons fabriqués par Lesueur.
« J'étais ajusteur parce que mon père était ajusteur, je ne pouvais pas être autre chose. Je travaillais la nuit. Je surveillais des trucs et je n'avais pas grand chose à faire, alors je faisais des pitons parce qu'on n'avait pas beaucoup d'argent pour les acheter. » Cette anecdote, racontée par Pierre Lesueur, est peut-être celle qui résume le mieux l'époque et l'état d'esprit qui régnai...
Pierre Lesueur, né à Clichy (France) le 23 janvier 1928, est l'un des représentants de la fameuse bande de grimpeurs parisiens qui ont marqué l'histoire de l'alpinisme français dans les années 1950, avec notamment la première de la face sud de l'Aconcagua. La semaine, pendant que Robert Paragot répare les machines à écrire à la Sécurité sociale, Pierre Lesueur taille des pièces de métal à l'usine. Le week-end, ils se retrouvent avec toute la bande à Fontainebleau pour grimper sur les cailloux ou, mieux, filent en stop jusqu'à Chamonix, avec dans le sac à dos, les lourds pitons fabriqués par Lesueur.
« J'étais ajusteur parce que mon père était ajusteur, je ne pouvais pas être autre chose. Je travaillais la nuit. Je surveillais des trucs et je n'avais pas grand chose à faire, alors je faisais des pitons parce qu'on n'avait pas beaucoup d'argent pour les acheter. » Cette anecdote, racontée par Pierre Lesueur, est peut-être celle qui résume le mieux l'époque et l'état d'esprit qui régnait, au début des années 1950, au sein de cette formidable équipe de grimpeurs parisiens menée par Robert Paragot, Lucien Bérardini, Edmond Denis, Adrien Dagory et les frères Lesueur.
En 1950, Paragot et Lesueur gravissent la face nord du Petit Dru par la voie ouverte en 1935 par Pierre Allain, le maître, formé comme eux à l'école bleausarde et déjà surnommé « le Vieux », comme pour signifier le passage de relais. Avec encore une bonne anecdote à la clé : « Au Dru, j'avais des vieilles godasses et la semelle s'est ouverte dans la fissure Lambert. Il a fallu la réparer avec un fil de fer. C'est quand même des histoires fabuleuses ! C'était le bon temps ! »
À l'été 1952, les ambitions sont à la hausse et Lesueur s'offre d'abord la Walker en face nord des Grandes Jorasses avec son frère Henri, Edmond Denis et toujours Robert Paragot. Puis les frangins filent aux Drus, sur le Grand cette fois-ci. Il leur faut deux bivouacs pour ouvrir la voie Lesueur sur la gauche de la face nord. Quelques jours plus tôt, Magnone, Bérardini, Dagory, et Lainé avaient réussi la première de la formidable face ouest. Les Bleausards sont au sommet de leur art !
Partir en expédition au bout du monde est la suite logique des aventures alpines. Au mois de décembre 1953, la bande de prolétaires parisiens s'envole pour Buenos Aires avec la face sud de l'Aconcagua dans le viseur. Là encore, le voyage est organisé grâce aux fonds de tiroir des uns et des autres. On ne prend même pas de billet retour : « pas la peine de gaspiller de l’argent » écrira Paragot dans Vingt ans de cordée (Flammarion, 1974).
Le 25 février, après cinq bivouacs, Pierre Lesueur est au sommet avec Edmond Denis, Guy Poulet, Adrien Dagory, Lucien Berardini et Robert Paragot. La fin de l'ascension a été un calvaire. Après le dernier bivouac, les hommes sont à bout et les extrémités sont gelées. Tous sauf Paragot seront sérieusement amputés... Pour Pierre Lesueur, qui voulait devenir guide, ça sera la fin de sa carrière en haute altitude.
Pierre Lesueur, surnommé "Lafleur" par ses compagnons de cordée, décèdera en 2021 à l'âge de 94 ans à Étampes (France).